Buenos Aires

Publié le par Fanny

Bon cette fois-ci je raconte Buenos Aires, desolee c est pas chronologique, j'y suis arrivee il y a 3 semaines deja, avant l'Urugauy, avant la Patagonie. Et c'est sans mes photos pour l'instant car je ne peux pas les telecharger sur l'ordi ou je suis, j'en mettrai seulement quelques unes que j'ai trouvees sur Internet.

Je suis donc arrivee un lundi matin chez la famille de ma copine argentine Victoria. J'ai passe ma premiere journe avec Sarah la neo-zelandaise que j'avais connue au Bresil. J'ai mange mon premier steack, bien 3 cm d'epaisseur, mon morceau s'appelle un Bife de Chorizo (qui n'a rien a voir avec le chorizo espagnol). Le boeuf argentin est repute et je comprends, ca fond dans la bouche, un delice. 
On s'est promene dans le Micro Centro, c'est-a-dire le quartier de bureaux. Il faisait une chaleur pas possible, des employes partouts en costards. Premiere impression, les Argentins sont pas mal ! La population n'a rien a voir avec celle du Bresil, ici pas d'esclaves africains et les Indiens ont quasiment tous ete massacres (c'est 3% de la population je crois) donc la population est blanche et a Buenos Aires c'est tous des descendants d'Espagnols et d'Italiens. Et le melange est plutot reussi je trouve ! Ici du coup je ne suis pas forcement etiquetee touriste, et les filles portent jupes et robes sans se faire emmerder, je crois qu'il faut que je savoure ces moments-la d'anonymat parce que pendant les mois qui suivent je serai consideree comme une gringa (une americaine), une blanche en gros, et je ne me vois pas en petite tenue dans les rues de La Paz ou de Lima ! Les bus me rappellent ceux de Mexico, ca s'appelle les collectivos. La ville est tres europeenne finalement, il parait que certains quartiers sont comme ceux de Madrid, la ville est quadrillee de cuadras, de pates de maison dont les numeros vont de 0 a 100. de 100 a 200... Donc impossible de se perdre. Les rues sont presque toutes perpendiculaires ou paralleles en elles. Il y a des avenues tres tres larges, du genre 14 voies pour la plus grande. On les traverse en 3 fois ! Des parcs, des jardins, les arbres sont en fleurs, on est au printemps, des jacarandas au bord de toutes les avenues, c'est vraiment depaysant. On n'etouffe pas dans cette ville, on trouve des coins tres tranquilles, des places avec des cafes en terrasse... et personne ne court, meme dans le metro.
Sarah etait dans une auberge de jeunesse, le Milhouse, et elle m'a propose de l'accompagner a une visite guidee de la ville le lendemain organisee par son hostal. Le lendemain je la retrouve, la guide s'appelle Stephanie, une fille de 25 ans tres sympa et le groupe vient de partout. C'est la que j'ai rencontre Juan Carlos l'Equatorien qui voulait partir en Uruguay aux memes dates que moi.

Le mardi on a visite le quartier de la Boca, un quartier pauvre au sud de Buenos Aires, avec une rue celebre, le Caminito, une sorte de Place du Tertre de Montmartre, avec des artistes du coin qui exposent leurs tableaux, des ateliers d'artistes, des danseurs de tango dans la rue. Cette rue est la plus connue de Buenos Aires car toutes les maisons sont peintes de differentes couleurs. Plusieurs versions tentent de l'expliquer mais il semble que cela soit parce que les habitants du quartier n'avaient pas d'argent pour se payer des pots de peinture et ils utilisaient les pots qui servaient a repeindre les bateaux du port, donc suivant l'arrivage, ils peignaient avec ce qu'ils avaient sous la main.

Dans le quartier de la Boca, il y a le celebre stade de l'equipe de la Boca qu'on appelle "la bombonniere" a cause de sa forme. On a visite le musee du stade et le stade, vide bien sur. Maradonna assiste a tous les matchs de la Boca, donc tous les 15 jours il est fidele au poste, il parait que tous les spectateurs lui font un triomphe, il a son bain de foule bi-mensuel. Il a paye sa loge personnelle 3 millions de dollards. Je voulais aller voir un match de l'equipe de la Boca, c'est tous les 15 jours, je calcule que quand je rentrerai d'Urugay je pourrais y aller. Il parait que c'est vraiment la folie comme ambiance. Malheureusement ca ne sera pas possible car entre-temps, a cause de problemes de violence dans le stade, ils ont justement decide de fermer l'acces aux non-membres des clubs de supporters et ca me passe sous le nez. Enfin la fille de Bush y sera elle, mais moi non, je suis pas VIP ! Le soir j'ai reussi a trainer Juan Carlos dans une boite salsa, l'Azucar, ou il y avait des cours et on a pris un verre apres avec le prof, un Uruguayen qui nous a emmenes dans le quartier de Puerto Madero.

Je commence a entendre les expressions argentines et c'est vraiment trop drole. Ici on ne dit pas "Hola quetal" mais "Hola como andas" litterallement "comment tu te promenes ?"! Ils disent Che pour interpeler quelqu'un, d'ou le Che Guevara, qui etait argentin et qui a ete surnomme Che a cause de cette expression. Ils disent tout le temps "Viste" comme pour dire "tu sais". Ils ajoutent -re a un adjectif pour ditre "tres" donc ca donne recansado, reboracho... Un con est un "voluda/voluda" mais on peut aussi appeler ses amis comme ca pour plaisanter. J'ai surnomme Mariana "voluda" car elle le dit tout le temps. Et la perle c'est l'expression "Barbaro/Barbara" pour quelque chose de genial "Que barbaro !" moi ca me fait penser a barbare, ca me fait marrer et Mariana m'appelle Barbara maintenant. Mariana dit ausi souvent "Mira voz!" comme pour dire comme "Toi alors !"

C'est tres facile de lier une conversation avec les Argentins, ils aiment parler, et moi qui ai ete frustree de ne pas pouvoir communiquer avec les bresiliens, je me rattrape. Ils sont curieux de savoir d'ou on vient, de quelle partie de France, ou on a appris a parler le "castellano" (a prononcer Catechano), c'est a dire l'Espagnol. On me trouve une pointe d'accent mexicain ! ils ont souvent ete en Europe, y ont de la famille, ils ont souvent une double nationalite italienne, espagnole.  Avant la crise economique de 2001, l'Argentine etait le pays le plus cher du continent pour les touristes, un peso etait egal a un dollar et du coup il n'y avait pas beaucoup de visiteurs etrangers. Depuis la situation s'est renversee, a la faveur des touristes mais les Argentins ont vecu une crise inimaginable en Europe, les banques fermees, les comptes de tout le monde geles, impossible de retirer d'argent, le peso archi sous-devalue, entreprises qui fermaient, beaucoup ont perdu leur logement car ils ne pouvaient plus rembourser leurs prets. Ceux qui ont pu emigrer en Europe, ou aux Etats Unis, legalement ou pour travailler au black l'ont fait. L'argentin moyen ne roule pas sur l'or et on sent que la crise a laisse des traces. J'ai vu des panneaux publicitaires qui parlent explicitement de la crise du style "Ce que la crise n'a pas pu te permettre de realiser, on va t'aider a le faire"

Le lendemain je retrouve le groupe de l'hostal a nouveau pour visiter de quartier de la Recoleta, Le quartier chic, un quartier qui ressemble a Paris, c'est vraiment troublant parce que c'est un copie colle des immeubles parisiens, pierre blanches et toits gris. L'ambassade de France en est un bel exemple.

Dans la Recoleta, il y a le cimetiere dans lequel est enterre Evita Peron, c'est un peu comme la tombe de Jim Morisson au pere Lachaise, il y a des fans inconditionnels, et des hordes de touristes qui prennent des photos, comme moi.

La guide nous explique que l'Argentine au 19 eme siecle avait les yeux rives sur la France, et on etait le pays a imiter. On sent que l'Argentine a eu un developpement que n'ont pas eu les pays voisins, l'architecture, les universites qui sont les meilleures du continent, les services publics... J'ai termine la journee par le musee d'Evita, un personnage qui est idolatre encore de nos jours en Argentine mais aussi tres controverse, car un peu demago et autoritaire. En tout cas c'est une femme qui en avait pour l'epoque, les Argentines ont pu voter avant les francaises, elle a cree des dizaines d'hopitaux, centres de vacances pour les enfants, orphelinats, maisons de retraites, ecoles dans toute l'Argentine. L'Argentine s'est tres enrichie pendant la 2eme guerre mondiale et juste apres car elle exportait tous les biens dont manquait l'Europe et ainsi l'Etat a pu financer tout ca.

Le soir j'ai rencontre Douglas le copain d'Alejandro, qu'on avait connu a Salvador pour ceux qui suivent. Tres sympa, il m'a fait connaitre les endroits preferes de sa ville, on est alle dans une milonga, au Viejo Correo, un lieu on on danse le tango mais ou vont les vrais danseurs, ce n est pas un spectacle du tout, y'a pas un touriste, c'est que des seniors qui dansent, ils sont sortis leurs beaux habits, ils sortent madame ou bien ils viennent seul/e. Pas de chichi ils sont la pour danser, ils dansent colle-serre, les dames sont habilles plutot tres sexy pour leur age je trouve, c'est un spectacle emouvant, triste et beau a la fois. Douglas m'a explique qu'il y a tout un code, les messieurs invitent les dames d'un simple regard, auquel elles repondent d'un regard aussi, en une seconde.

 Jeudi on a visite le centre historique, La plaza de Mayo, on a vu les eleves du Collegio National, le meilleur lycee de buenos aires feter la fin des cours et les vacances d'ete. On a visite le quartier de San Telmo, qui est un quartier d'antiquaires, assez touristique, avec des marches, des danseurs de tango dans les rues...
L'apres-midi on est revenu Plaza de Mayo et on a assiste a la Marcha de las Madres, ces meres de desaparecidos, c'est a dire les Argentins qui ont ete enleves, tortures et tues pendant la Guerra Sucia, la Guerre Sale, pendant la dictature militaire. On les estime a 30 000. Tous les jeudis depuis 25 ans ces femmes, meres, epouses, soeurs, se rassemblent pour demander a l'etat de lever le voile sur cette periode, punir les coupables, retrouver les corps. Elles defilent avec un foulard blanc dans les cheveux, c'est leur symbole et les photos de leurs fils disparus. Les corps des desaparecidos n'ont jamais ete retrouves, certains ont ete jetes en mer par des avions, on m'a raconte des histoires horribles. Les argentins ont vecu dans la crainte de se faire enlever, interdiction donc de parler de politique ou de religion a qui que ce soit. Beaucoup d'intellectuels ont du fuir le pays. La meme histoire s'est repetee en Uruguay et au Chili. Las Madres de Plaza de Mayo sont maintenant une organisation politique assez reconnue apparemment. Et une derniere chose a ce sujet, ces Madres cherchent ausi leurs petits-enfants car quand certains couples etaient tues et qu'ils avaient des enfants en bas-age, on les confiait a des familles de militaires qui ont eleve ces enfants sans leur reveler leurs origines. Suite aux recherches de ces Madres, certains ont appris la verite et ont retrouve leur famille biologique. Il y a meme un centre ou lorsqu'on a un doute sur sa filiation, on peut aller faire des test ADN et verifier. Donc certaines de ces Madres qui ont perdu un enfant sont quand meme des Abuelas.

Le soir j'ai pris ma premiere lecon de tango avec Mariana a la Catedral, le lieu que m'avait conseille Victoria et en effet, c'est un endroit qui m'a beaucoup plu. Le cours m'a vraiment donne envie de continuer. C'est l'homme qui mene la danse, comme d'habitude et si on tombe sur un bon danseur, on a l'impression qu'on glisse sur le sol, mais c'est juste une impression, en fait c'est tres technique et pas facile du tout. En tout cas hyper sensuel. Et quand on tombe sur un partenaire comme le mien, un italien, Georgio, c'est pas desagreable !

Vendredi resalsa a la Salsera avec Mariana et Douglas et samedi soir sortie avec les copines de Victoria, une bande de 6 filles tres sympas, on est sorti dans Palermo, le quartier qui monte, avec moults restaurants, bars a la mode, boutiques de createurs... et ont est parti dans une fete etudiante ensuite. Musique argentine excellente, je vais m'acheter des CD de cumbia, je ne connaissais pas ca ! Rentrees au petit matin avec Mariana, je me suis dit que vraiment, les Argentins pour la fiesta je leur tire mon chapeau, Respect. C'est de la folie, ils sortent a 3 heures en boite, a 7 heures c'est encore le plein boom. Les Argentins comme le dit la legende sont des dragueurs ca c'est vrai et ils te demandent ton nom et direct apres ton age, a chaque fois !

Voila ma premiere semaine a Buenos Aires, plutot chargee. Entre tous ces va et vient j ai partage la vie de la famille de Victoria et je me suis sentie comme dans un cocon chez eux. Ils m'ont ouvert leur maison et leur vie, Susana m'a cuisine tous les plats argentins que je devais connaitre, j'ai eu une famille "au complet", j'entends non-monoparentale, et meme une petite soeur, des experiences plutot inedites pour moi !  C'est ma famille d'adoption en Argentine et ils m'ont adoptee je crois aussi !

De retour d'Uruguay, le samedi suivant, je me suis retrouvee au milieu de la GayPride de Buenos Aires, a la recherche de magasins mais j'avais tout faux, j'etais dans le quartier de bureaux et tout etait ferme. Le soir on est alle au Cafe Tortoni avec Mariana, voir un spectacle de tango, cette fois-ci c'etait des professionnels qui dansaient, un vrai show avec un orchestre. J'etais motivee a bloc pour continuer la fiesta sur ma lancee mais je me suis ecroulee comme une masse apres le spectacle alors mon dernier samedi soir a Buenos Aires a ete tres calme. Le dimanche, j'ai visite le Teatro Colon, considere comme l'un des 5 meilleurs au monde pour son accoustique avec l'Opera de Paris, la Scala de Milan... On a pu voir les salles de repetition, les loges, les ateliers qui fabriquent les costumes, chaussures, perruques, tous les accessoires. J'etais un peu patraque ce jour-la, triste d'etre partie d'Uruguay, de partir de Buenos Aires, de quitter la famille, et j'ai fini par une tentative de vol de sac a main dans la rue, mais le cuir argentin de mon sac et la tenacite gersoise ont eu raison de ce "pendejo" qui est finalement parti en courant, bredouille. Le soir on est retourne a la Catedral avec Mariana pour un dernier tango. On est tombe sur un taxi porteno vrai de vrai, qui conduisait en buvant son mate et avec l'echarpe du club de la Boca autour du cou ! Barbaro !

Apres tout ca, ca m'a ete tres difficile de partir de cette ville et je ne realise d'ailleurs toujours pas que Buenos Aires, c'est deja fini... Mais je reviendrai un jour, c'est sur.

 

Publié dans Argentine

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A
Si je fais le voyage un jour, j'irai dans une "milonga". Cette façon d'inviter une femme à danser d'un simple regard et de répondre de la même façon, humm...
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V
Fanny, tes récits sur mon pays me donnent la chaire de poule..! Je crois que tu es une grande observatrice avec une immense sensibilité, tu transmets parfaitement l'esprit "portenio"... C'est un vrai plaisir de te lire. Gros bisous et bonne continuation de ton parcours!
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F
et bien moi ej vais me coucher, 4h16 du mat, ca prend du temps d'ecrire tout ca !
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A
Santa Barbara, tu te souviens du feuilleton?tu ne l'aurais loupé pour rien au monde!!! cela fait plaisir de te lire de bon matin avant d'aller bosser. Besos
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